Lors d’une rencontre récente avec une connaissance perdue de vue depuis au moins six longues années, un moment de révélation s’est glissé dans nos échanges sur nos vies respectives. Au fil de nos discussions, mon interlocutrice a été prise au dépourvu en découvrant la douleur personnelle que j’avais soigneusement enfouie en moi. Son approche pour aborder ce sujet délicat a été d’une maladresse cruelle, intrusive, et totalement dénuée de la moindre sensibilité émotionnelle.

Bien que sa tentative de manifester de la solidarité et de devenir une amie prête à être mon roc en toutes circonstances était empreinte de douceur, l’expression de ses intentions s’est heurtée à un manque de subtilité regrettable de sa part. Il est désolant de constater que certains individus s’arrogent le droit de vouloir tout savoir de notre vie, sans comprendre que certaines douleurs et certains secrets sont trop intimes pour être partagés. Parfois, il est plus sage de choisir le silence plutôt que d’exposer des tourments enfouis en nous-mêmes.
Aborder sa douleur, partager ses tourments, et révéler ses secrets les plus profonds n’est pas une démarche simple. Dans certaines situations, la simple négation de la réalité nous conduit au silence. Même pour ceux convaincus du pouvoir de guérison des mots, certaines blessures restent trop vives pour être dévoilées.
La pression sociale pousse inexorablement vers l’honnêteté et la transparence, mais dans la réalité, l’indifférence envers notre bien-être émotionnel est souvent manifeste. Bien des interactions se résument à de simples banalités, comblant les vides dans les conversations sans s’intéresser véritablement à l’autre. Savez-vous quel est le mensogne le plus répandu ? Je vais bien. Je vous le donne en plein dans le mille: beaucoup se foutent de savoir comment vous allez, car personne ne veut gérer votre mal-être ou vos problèmes, personne ne veut vraiment s’impliquer d’une façon ou d’une autre alors on se tait !
Ainsi, ce n’est pas tout on dit car :

La honte, la culpabilité, la peur de l’échec : autant d’émotions qui nous incitent à garder pour nous-mêmes les histoires les plus sombres de notre existence. Les épreuves les plus difficiles, les douleurs les plus profondes, demeurent enfouies, à l’abri des regards curieux et des oreilles attentives. La société nous impose une obligation de résultat. Chacun sait comment untel face à une situation aurait dû réagir. Alors on se tait ! dans Conversations avec Dieu tome I, Neale Donald Walsh dit : « Ne juge pas la voie karmique d’un autre car tu ne sais pas ce qu’est le succès aux yeux de l’âme ». L’être humain, cet être bien pensant qui sait tout sur tout ne realise pas souvent que les personnes s’auto-affligent plus que nécessaire et n’ont pas besoin d’un miroir pour ça. Elles sont souvent coincées dans une boucle qu’elles entretiennent et alimentent elles-mêmes sans avoir besoin qu’on en rajoute une couche !
Choisir à qui l’on dit

Tout le monde ne mérite pas qu’on soit vulnérable ; je l’ai appris à mes dépens. Il est des tourments, des drames, si intimes, si personnels, qu’il est préférable de les laisser en paix, cachés dans les recoins les plus secrets de notre être, là où seuls les souvenirs, aussi douloureux soient-ils, peuvent trouver refuge.
Une sagesse sociale voudrait que l’on voit /connaît ses vrais amis dans les moments de tourments. Je l’ai pensé il y a une éternité et aujourd’hui, je pense comme Paulo Coelho dans Le Zahir « Les faux amis sont ceux qui ne se montrent que dans les moments difficiles, la mine triste, l’air solidaires, alors qu’en vérité notre souffrance sert à les consoler de leurs vies misérables.» Oui ! Certains surgissent par une curiosité morbide, friands de détails pour, tels de bons semeurs aller les répandre, et d’autres sortent la jauge de la souffrance pour mesurer quelle est votre degré d’affliction avec pour but de commenter sur votre comportement.
Chercher la paix loin du bruit :

Nous sommes des êtres différents : même si j’ai souvent de la peine à m’y faire voilà un impondérable que j’ai fini par accepter. Seulement, on a tous dans notre entourage quelqu’un d’exubérant, qui parvient à faire feu de tout bois et donc la langue fourchue peut réveiller des souffrances et des douleurs maladroitement enfouies. Dans L’art de la joie de Goliarda Sapienza, Modesta le personnage principal dit : « Les mots nourrissent, et comme la nourriture, il faut bien les choisir avant de les d’avaler. » Et ainsi, je fais le choix délibéré de m’éloigner de ceux qui ne correspondent pas ou plus à mon désir de paix intérieure, plus salutaire pour ma guérison que les mots bruyants, faux et maladroits. J’aime mieux la présence silencieuse et bienveillance que celle à l’apparence bienveillante qui alimente les maux d’une âme en reconstruction.

Pour finir, je vire peut-être parano, mais à la vérité, avec le temps, j’ai appris à me méfier des élans de générosité ou de solidarité de personnes perdues de vue, de personnes qui « se disent amies » alors que les gestes racontent une autre histoire. Je ne suis pas une sainte loin s’en faut. J’ai appris de mes maladresses car j’ai souvent posé cette question : « pourquoi tu ne m’as rien dit ? » comme si c’était une évidence que je sois dans le secret des dieux ! Si ce n’est pas de l’égo ça !
Aujourd’hui forte de blessures de guerre et de leçons de vie, je réserve mes bonheurs et mes malheurs à un cercle très restreint de personnes construit au fil du temps, des épreuves, et d’échanges éprouvés.
Alors, quitte à me renfermer sur moi, je choisirai à qui je dis quoi car ce n’est pas tout on dit !
En effet ce n’est pas tout on dit, ce n’est pas à tout le monde on dit…
La vie nous enseigne…
Merci pour ces mots♥️✨👌🏾
Merci d’être passée par ici
Merci pour bel article, tu as su trouver les mots pour des gens comme nous. J’ai fini par croire que certaines personnes s’intéressent à notre vie juste pour mesurer notre degré de misère ou pas. La fameuse question : tu deviens quoi?
L’humain…
Les bien-pensants qui, avec la société normalise la gestion de la douleur comme un bloc en omettant trop souvent nos individualités
Ces demonstrations ouvertes de tristesses pour flatter les egos des uns et des autres pour qu’ils soient convaincus que nous souffrons véritablement dans nos situations. « Elle ne pleure pas pourquoi ? » « Elle ne se lamente pas pourquoi ? », « Pourquoi elle perd pas le poids »…etc.. des questions intrusives, malsaines. Alors que seul Dieu est capable de sonder nos cœurs.
Les vrais douleurs sont muettes, parfois on a pas envie de discuter, mais juste d’avoir une personne qui partage silencieusement notre douleur autour d’un verre vin qui nous rappelle que nous sommes encore vivants.
Dans un monde où chaque réveil est un pas vers la mort, il vaut mieux s’entourer de ceux qui nous aimes plutôt que de ce qui prétendent nous aimer.
❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️
You said it all.
Merci