J’ai lu Blacklist de Kristina Borjesson

Le journalisme d’investigation. C’est un monde fascinant. Ces grands dossiers chauds qui débarquent sur nos tables, qui nous permettent de connaître les contours d’une affaire. Mais, beaucoup ne le savent pas, l’information coûte cher. Que ce soit la dénicher où elle se trouve ou la diffuser, l’information est chère pour le commun des mortels.

J’ai toujours été passionnée par le journalisme d’investigation. Formée en communication et en journalisme, j’ai appris que l’information n’est pas toujours ce qu’elle paraît être. De plus, bien avant même, j’ai compris que l’information reflète parfois les intérêts de ceux qui la produisent…

Et un jour…. en fait il y a quelques mois de cela, je croise la route de Blacklist. J’avoue que quand je l’achetais, c’était pour le titre. Vous le savez, je ne lis pas les résumés et autres quatrièmes de couverture. Et puis, il y avait ce sous titre en dessous : “Quinze grands journalistes américains brisent la loi du silence”. Il n’en fallait pas plus. J’ai acheté ce livre et plein d’autres chez un particulier à Dakar qui se séparait de certaines de ses acquisitions.

Oui, j’ai un radar à livres, je les “sens” des km à la ronde et je savais que j’adorerais Blacklist que je classe dans dans le section “Kongossa”. Je suis venue à bout de ses 443 pages que j’ai lues sans me lasser.

“Ils étaient les enfants du Watergate.” Une génération d’enfants se sont sentis pousser des ailes après le scandale. La vérité pouvait triompher. Le journaliste avait sa plume pour dénoncer afin de démonter le pouvoir des tout-puissants. Rien, aucun abus ne serait plus caché au grand public. Quelle noble mission! Le mythe du journalisme, 4ème pouvoir est né!

Enseigner dans toutes les écoles de formation, le journalisme est le garant de la liberté d’information, du droit de tous d’avoir accès à une information avérée et juste car nos dirigeants nous sont “comptables”. Ils doivent nous rendre des comptes et pour que nous y voyons clairs, les journalistes veillent nuits et jours.

Je vais éviter de vous servir mon cours de “sciences et ou de théorie de la communication”. C’était ennuyeux et aujourd’hui encore, je me demande pourquoi on les impose aux étudiants. En fait, je voulais vous donner une définition potable de l’information mais à bien y réfléchir, je me perdrais dans les pensées des théoriciens de l’information et/ou de la communication que j’en perdrais mon fil conducteur. Et franchement, au moment où je rédige cet article, mon cerveau se refuse d’entrer dans des considérations philosophiques: la raison de la vie et du pourquoi…. Dimanche est fait pour se reposer.

Je vais donc essayer de faire simple: L’information est un produit, elle découle d’un processus de collecte, vérification et de diffusion pour la connaissance et le salut de tous. Pourquoi, je parle de “produit”? Tout simplement parce que pour la diffusion, il faut des moyens, un canal. Parce que pour la générer, il faut aller vers elle. A grande échelle, ça revient cher, très cher et les grands magnats aux Etats-Unis ont compris, contrôler l’information, c’est avoir le pouvoir… 

Les grands magnats possèdent les grands groupes de presse et ça donnent des avantages. Ca soulève des questions sur la fameuse “indépendance de presse”. Est-elle vraiment libre si c’est quelqu’un qui paie pour que l’information soit disponible?

Une information est-elle fiable quand le patron – et je ne parle pas du REC – de celui qui la produit, joue au golf avec un politique ou un grand industriel dont les intérêts peuvent être mis à mal par un journaliste trop indiscret?

Par ailleurs, qui oserait aller à l’encontre du service juridique qui vous somme de ne pas publier une enquête par peur de procès avec à la clé des dommages et intérêts colossaux qui ne valent pas la peine de risquer le tout au tout.

Oui, l’information coûte TRES CHER et lire Blacklist m’a permis d’avoir plus de respect pour la profession. 

J’ai toujours été fascinée par les grands reporters… ils bravent les guerres, vont dans dans des lieux hostiles s’assurant que l’on voit ce qui se passe ici et ailleurs. Et pourtant, tout à côté de nous, dans l’anonymat le plus total il existe des journalistes qui par maux et par vaux, au péril de leur vie, sont prêts à braver le feu de l’enfer.

Nous prenons pour acquis pleins choses y compris notre droit à l’information sans nous soucier de comment elle est produite.

C’est vrai que de temps en temps, Human Right Watch, Reporters sans frontières et autres organisations internationales nous alertent sur l’état de la liberté de la presse dans le monde, avec un goût toujours prononcé pour le continent africain et ses dérives certaines… Mais, il y a plusieurs façons de forcer quelqu’un au silence: il y a la manière forte et la manière “douce”. Celle qui est sournoise et insidieuse. Celle qui saborde des mois de recherche et vous impose des morceaux choisis….

Blacklist vous dit ce qui n’est pas montré aux infos. Blacklist lève le voile sur la démocratie et la liberté de presse telles qu’on les nous vend.

Lisez, parlez-en et garder l’oeil ouvert; il en vaut la peine…

Posted by Leyopar

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